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« Tout d'abord, nous devons admettre que la personne déficiente mentale n'est pas pleinement responsable de ses comportements et n'a pas conscience de la complexité de sa propre vie sexuelle, ainsi que de celle d'autrui. [...] Il convient de développer dans ce domaine une éthique adaptée aux spécificités et aux limites des personnes concernées, éthique qui oblige à les accompagner dans certaines circonstances, parfois à décider à leur place » (cf. Michel MERCIER in Reliance n° 18 « Liberté et responsabilité dans la vie affective, familiale et sexuelle », p. 39 + 41, 2005/4)

« Le rôle du tiers : Penser, parler de, anticiper, organiser ou encore voir... quelque chose de l'intimité de l'autre qui n'est pas notre propre partenaire, c'est entrer dans un rôle inhabituel, dérangeant et porteur d'angoisses. C'est devenir - que nous le voulions ou non - le tiers d'une démarche et d'une émotion qui ne nous appartiennent pas. Et pourtant à situation exceptionnelle, la réponse pourrait être exceptionnelle. Très souvent nous devenons tiers jugeant parce que tiers observant et voyant, (pour ne pas dire voyeur... à notre corps défendant), parce que tiers responsable, ce qui pourrait nous amener à nous considérer tiers complice. Entraînons-nous plutôt au rôle de tiers pensant, c'est ce que nous sommes tous entrain de faire en ce moment dans cette journée d'étude ; pour nous préparer à celui de tiers décidant et aidant... d'une manière ou d'une autre, à un moment ou à un autre. La palette est large, entre rien et tout. Ce rôle-là s'impose parfois » (cf. Françoise VATRE, « Handicap Mental et Sexualité : Le Tabou doublé » (26.04.1999) in Dossier 1 « La sexualité et les handicap(s) », SZH-Luzern et SPC-Lausanne, Textes proposés par Catherine AGTHE DISERENS et Françoise VATRE, 2000)

« Je suis maintenant assistant sexuel et me déplace dans toute la Suisse. Je me rends, en principe, chez les personnes. Elles font appel à moi directement lorsqu'elles ont un handicap physique ou indirectement, par le biais des parents ou des éducateurs, lorsque le handicap est mental » (cf. Lorenzo FUMAGALLI in Marianne LANGLET, Lien Social « Assistant sexuel en Suisse allemande », Publication n° 843, 07.06.2007)

« La masturbation par exemple est de plus en plus admise comme un plaisir : le personnel laisse du temps aux pensionnaires quand ils sont à la salle de bain, ne serve plus autant les langes pour la nuit, les aide à placer les mains sur leurs organes génitaux. […] Si un pensionnaire souhaite établir un contact avec une assistante sexuelle ou une prostituée, mais qu’il n’est pas capable de le faire tout seul, un membre du personnel devrait composer le numéro et lui poser le combiné sur l’oreille […] Nous n’avons pas encore d’assistantes sexuelles en Suisse romande. C’est pourquoi je travaille avec deux prostituées, auxquelles j’ai expliqué différents handicaps. […] Mais comme pour les assistantes sexuelles, cela ne peut fonctionner que si les tiers concernés sont d’accord, notamment avec la fréquence. Un membre du personnel d’encadrement m’a dit un jour : « S’il le faut, nous admettons deux fois par année. » On est en droit de se demander si cela suffit. […] En réalité, nous n’avons presque jamais besoin de recourir à la pornographie. […] (Les tiers qui ont une influence sur les décisions) devraient prendre conscience que l’on ne peut avancer dans la vie et spécialement dans la sexualité que si l’on ose quelque chose. C’est en forgeant qu’on devient forgeron… Et donc qui n’a pas le droit d’essayer ne fera pas de progrès. […] un concept n’est utile que s’il est mis en œuvre » (cf. Catherine AGTHE DISERENS in Infos INSOS n° 16 « La sexualité en institution - Libido rime-t-il avec fardeau ? », avril 2006)

« Mais qu'en est-il de ceux qui ne trouvent pas de partenaire et/ou dont les besoins sont plus diffus, inconscients et qu'ils ne peuvent exprimer ? C'est ici qu'il faut faire appel à « l'imagination » pour trouver des réponses et leur donner du plaisir. Des réponses individuelles, adaptées à chacun, car « il n'existe que de multiples sexualités vécues individuellement », comme l'exprime Catherine Agthe. Ainsi, certains choisissent de faire faire des massages relaxants à leur enfant, ce qui peut suffir à satisfaire ses besoins. [...] Dans d'autres cas, une personne extérieure à la famille, par exemple un éducateur, peut apprendre au handicapé comment se masturber s'il ne le découvre pas par lui-même. [...] « [...] Oser aller très loin dans la recherche de solutions, aussi pour les handicapés mentaux, permettra de parer aux éventuelles demandes nouvelles qui peuvent surgir un jour », estime-t-elle » (cf. Ellen WEIGAND, « Les handicapés mentaux ont aussi droit à la tendresse et à la sexualité » (24.10.1994) in Dossier 2 « La sexualité et les handicap(s) », SZH-Luzern et SPC-Lausanne, Textes proposés par Catherine AGTHE DISERENS et Françoise VATRE, 2000)

« plusieurs méthodes d'enseignement sont possibles. [...] Certains autistes ne peuvent pas apprendre en "regardant", mais en "faisant". Des proches (éducateurs, médecin, parents,) se doivent de lui prenne la main et l'aider à se masturber. [...] Il faut que cela soit un tiers qui connaisse très bien l'adolescent et que la confiance règne entre les deux parties. [...] Bien sûr, il ne faut pas commencer cet enseignement en solo mais être entouré par un team. Il est indispensable d'avoir un contrat écrit avant de commencer avec ces initiations car on a vu des cas traités en justice parce qu'il s'agissait "d'enfants en institutions". L'éducateur, le tiers doit être très prudent et se protéger » (cf. Dr HELLEMANS, « L'éducation sexuelle et affective chez les enfants et adolescents autistes », p. 11 + 12 in Dossier 4 « La sexualité et les handicap(s) », SZH-Luzern et SPC-Lausanne, Textes proposés par Catherine AGTHE DISERENS et Françoise VATRE, 2000)

« Jusqu'où peut aller le plaisir du professionnel ou du parent, quand il s'agit de satisfaire le besoin de l'autre... mais aussi le sien ? […] Les interventions sexo-éducatives se font dans un contexte d'apprentissage sous forme de "programmes" d'éducation sexuelle et de suivis individuels. Les actes éducatifs, accompagnés de mots simples, cherchent à identifier le besoin exprimé et tentent d'offrir une réponse qui permettrait à la personne handicapée mentale d'acquérir une connaissance, une habileté, un comportement ou une technique épanouissante. On peut commencer avec les enfants tout petits ! Car l'essentiel réside dans l'idée de leur donner l'envie de trouver cela bon. Encore tout jeune, faisons-leur connaître leur corps et toutes les parties de leur corps. Il faut les nommer et leur parler de la valeur de leur corps. Qu'ils sont uniques et que leur corps leur appartient. Laissez les enfants handicapés mentaux expérimenter, encourager leur curiosité... même lorsqu'il s'agit de découvertes qui semblent plus osées et peut-être plus sensuelles... ! Valorisez la découverte de leurs sensations et racontez-les leur en termes d'un corps qui est en bonne santé et qui grandit bien. Ne leur épargnez pas les chagrins, la jalousie ni les découragements. Faites des plans avec eux et ne craignez pas de les défaire. Le développement de la sexualité et la prévention des abus commence aussi par là ! [...] je sais bien (et vous aussi) à quel point nous avons encore de la difficulté à les imaginer dénonçant les abus qui leur sont imposés. [...] je sais qu'elles subissent beaucoup plus d'abus de tout genre qu'elles n'en feraient subir. […] Les équipes éducatives et soignantes favorisent les amitiés à l'intérieur et à l'extérieur des institutions en organisant des fêtes, des repas, des concerts ; tentent de rompre certaines solitudes en aidant à rédiger des petites annonces de rencontres ; offrent des massages de détente à leurs pensionnaires (souvent prodigués par un tiers affectivement neutre). Mais elles tendent également à créer des zones d'intimité et des moments individuels, susceptibles de permettre la différenciation entre vie publique et vie privée et d'ouvrir une voie par laquelle peut-être, déposer des secrets trop lourds. Mais le plus important peut-être, et ce sera mon dernier repérage, serait de vous nommer la convivialité nécessaire entre personnes handicapées mentales et accompagnants. C'est un peu comme s'il fallait créer un climat et préparer un terrain pour que puisse fleurir la tendresse et éclore les capacités affectives enfouies. On pourrait dire que les équipes éducatives ne peuvent aider les personnes handicapées mentales à développer leurs richesses affectives, que si elles-mêmes sont aussi capables de vivre leur travail dans une ambiance amicale, affectueuse même, avec la tendresse et du plaisir qui circulent, où l'on aime se rencontrer, avoir des gestes amicaux dans un climat d'humour et de liberté. C'est ainsi que les rapports avec l'autre pourront peu à peu s'apprivoiser, que chacun osera trouver des modalités propres pour se réconcilier avec son corps, pourra inventer des gestes de tendresse pour lui et l'autre dans une saine réciprocité ! La sexualité est un langage affectif et sexuel et c'est le langage le plus fort que tout humain, handicapé ou non handicapé, puisse manifester. Si la prévention des abus sexuels et de la maltraitance peut nous ouvrir à ce langage, plutôt que de restreindre encore les libertés acquises, alors donnons place à cette sexualité : sexualité comme lieu de découverte, d'échange, d'ouverture, d'apaisement, de confiance en soi, de recherche d'identité et d'autonomie, de partage aussi. Je vous invite à prendre ce risque... "... car là où il n'y a pas de risque il n'y a pas de plaisir !" » (cf. Catherine AGTHE DISERENS, « Maltraitance et abus en milieu institutionnel accueillant des personnes handicapées », p. 16 + 17 + 18 + 19 in Dossier 4 « La sexualité et les handicap(s) », SZH-Luzern et SPC-Lausanne, Textes proposés par Catherine AGTHE DISERENS et Françoise VATRE, 2000)

« En Suisse, on pense maintenant aux possibilités offertes par l’assistance sexuelle directe pour offrir un mieux-être aux personnes déficientes mentales. Sujet très délicat car la personne peut être abusée facilement sans avoir forcément la possibilité de choix ni de défense » (cf. Cécile COLDEFY, « Suisse : des formations à l’aide sexuelle directe » in Magazine ÊTRE Handicap Information n° 79 « Sexualité : briser les tabous », septembre-octobre 2005)

« La plupart des personnes handicapées ne souhaitent pas faire appel à l’aide sexuelle directe […]. Néanmoins le service doit être prêt à être fourni à ceux qui n’ont pas d’autre moyen d’accéder au mieux-être et à ceux qui en expriment le désir » (cf. Catherine AGTHE DISERENS in Cécile COLDEFY, « Suisse : des formations à l’aide sexuelle directe » in Magazine ÊTRE Handicap Information n° 79 « Sexualité : briser les tabous », septembre-octobre 2005)

« « En majorité, nous entendons les demandes d'hommes souhaitant l'assistance de femmes », explique la présidente de la SEHP, la sexopédagogue Catherine Agthe Diserens, « mais des demandes homosexuelles existent bien sûr aussi. On ne sait pas toujours s'il s'agit d'une homosexualité d'identité ou de circonstance, mais l'essentiel réside dans la réponse vers un peu plus de mieux-être. » [...] Lorsqu'une personne dit 'j'aimerais baiser', cela peut souvent vouloir dire 'j'aimerais avoir un ou une amoureuse' ou 'j'aimerais embrasser'. [...] » [...] Benjamin Abt-Schiemann a acquis une expérience reconnue en tant que travailleur du sexe auprès d'une clientèle masculine. « Accompagnant érotique », il l'est devenu « en autodidacte ». En tant que tel, il devrait prochainement rejoindre l'équipe de formateurs mise en place par le SEHP pour les futurs assistants sexuels. [...] Benjamin est sollicité pour assister d'autres hommes vivant avec des handicaps divers, physiques ou mentaux. Comment il perçoit le désir chez les hommes handicapés qu'il rencontre ? « Ils ne sont pas si différents des autres clients. Oui, leur manière de communiquer est parfois ambiguë, parce qu'ils ne savent pas s'ils ont droit à ce plaisir. Mais d'autres fois, ils se donnent plus de joie, ils ont moins de réticences... moins peur de moi. » Et Benjamin d'évoquer certains de ses clients réguliers, qu'il doit apprivoiser pas à pas avant qu'ils ne parviennent à parler ou à toucher. « Souvent, une personne handicapée n'a pas ce problème. L'approche est plus terre-à-terre, en dépit du regard des autres, de la société ou de la religion. Quand il y a délire, il y a délire... et tellement de franchise par rapport à ça. C'est pourquoi, les critères entre une personne valide et une personne handicapée sont flous pour moi. Peut-être que la seule différence est que la personne handicapée ne me contacte pas par elle-même. » [...] Concrètement, les assistant/es figureront sur des listes mises à la disposition des associations de parents et institutions, tandis qu'ils exerceront en tant qu'indépendants. Sur un plan légal, les assistant/es seront enregistré/es dans la même catégorie que les professionnels de la prostitution » (cf. Arnaud GALLAY, « Sexualité et handicaps : Une réponse à la solitude des corps », mai 2007)

« les professionnels doivent être attentifs aux demandes et l’affirmation « je veux coucher avec une fille » peut tout aussi bien signifier : « je voudrais avoir une amoureuse pour lui prendre la main ; je voudrais embrasser une fille sur les joues ou sur la bouche ; je veux faire comme mon frère ; ou bien je veux avoir un rapport sexuel avec une fille ». De plus, ces personnes ont souvent des difficultés à dire si elles veulent ou non être touchées sexuellement. Elles ne savent pas refuser les avances sexuelles, les attouchements, même quand elles ne les souhaitent pas. Elles ne savent pas dire « non » et peuvent accepter des gestes qui ne leur plaisent pas pour un café ou un paquet de bonbons. […] Une personne atteinte d’un autisme profond peut se sentir agressée dans le monde rassurant qu’elle s’efforce progressivement de créer et de maintenir ; elle a besoin d’une sexualité solitaire. Enfin, quand les personnes sont atteintes de handicap mental lourd ne leur permettant pas de comprendre que cette prestation n’est pas de l’amour, laissons-les tranquilles » (cf. Bernadette SOULIER [médecin-sexologue spécialisée dans le handicap et en situation de handicap] in Reliance n° 29 « Au risque du désir », p. 110 + 111, septembre 2008)

« certaines personnes en situation de handicap sévère ne sont capables d’autodétermination que dans de rares domaines et de façon extrêmement limitée. Evaluer leurs besoins et leurs désirs, trouver les moyens adéquats d’y répondre est complexe. Dès lors, dans chaque situation où l’on a recours à un tiers (parents, proches, répondants légaux, professionnels) pour évaluer les besoins d’une personne qui ne peut choisir avec discernement, il conviendra de se soumettre à une exigence continue de vérification afin d’être certain que les dispositions prises lui apportent un mieux-être. En ce qui concerne les besoins sexuels, l’exigence de vérification va au-delà d’une éventuelle offre d’assistance sexuelle. Il convient d’appréhender correctement la nature d’un désir sexuel, d’évaluer le degré d’assistance et de satisfaction attendu, de percevoir les craintes, de trouver la bonne attitude, les mots justes et les gestes agréables pour aider à obtenir satisfaction en évaluant et corrigeant constamment l’assistance dans le sens souhaité. Cela ne s’improvise pas ; ces compétences résultent d’une formation sous-tendue par une déontologie stricte et des procédures pratiques clairement établies » (cf. François PLANCHE, Philippe GRANGET et François LOEW in Reliance n° 29 « Au risque du désir », p. 80, septembre 2008)

« la situation devient par contre nettement plus complexe lorsque les décisions doivent être prises par des « tiers soignant, parent ou tuteur éducatif » parce que le handicap nécessiterait une aide presque totale, ou parce que la personne concernée vivrait en institution. Afin d’avancer dans la reconnaissance du droit à l’aide sexuelle directe, ainsi que du droit de pouvoir recevoir dans sa chambre une femme prostituée, nous préconisons de rédiger quelques recommandations sur ce sujet. Elles seraient consignées dans une Charte d’Institution, dont un chapitre serait consacré à la vie affective, intime et sexuelle. Cette charte serait acceptée aussi bien par la personne en situation de handicap, que de l’entourage parental, éducatif, soignant, thérapeutique, etc. […] Dans ce sens, il serait heureux aussi que les institutions soignantes ouvrent leurs portes à de telles prestations, afin que le confort soit augmenté et que la fatigue d’une pareille expédition (transport, transferts difficiles, hâte) soit éliminée, afin de mieux correspondre aux différents besoins d’une personne concernées par le handicap » (cf. Catherine AGTHE DISERENS, « L’aide sexuelle directe » in « L’identité handicapée », Presses Universitaires de Namur, p. 108 + 110, en 2004)

« Nous sommes immanquablement emportés vers nos résonances individuelles, et la question de la vie affective et sexuelle dans le large champ des handicaps, nous oblige de participer à un processus d’ouverture, d’introspection et de recherche. […] Dans ce domaine aussi personnel, intime, pudique et encore si peu verbalisé tant par les intéressés eux-mêmes que par leur entourage, il s’agit de courir quelques risques : celui de rompre le silence pour informer, celui d’anticiper une demande qui ne peut être formulée selon nos codes d’expression, celui de permettre la participation personnelle de la personne concernée, et souvent celui de devoir aider directement pour qu’un peu de mieux-être se vive. […] L’éducation sexuelle spécialisée sera majoritairement centrée sur la facilitation à mettre en mots et en actes adéquats l’énergie vitale qui traverse l’enfant, l’adolescent, l’adulte concernés, afin d’établir des relations humaines plus respectueuses du territoire sexuel, affectif et social de chacun » (cf. Catherine AGTHE DISERENS, p. 9 + 10 + 13)

« mettre en place un programme d’éducation sexuelle spécialisé pour les personnes handicapées, tous handicaps confondus à la base. […] La transformation de notre regard contribuera à réfléchir au sens de ce que l’on dit ou fait, en le reconnaissant et en le faisant comprendre. Le décalage se situe au niveau de nos représentations et de la réalité vécue par la personne handicapée. Selon la lecture qu’en fait le témoin, il y a loin des intentions réelles à l’interprétation qui en est faite, il peut y avoir décalage entre l’émetteur et le récepteur ! […] Bien évidemment cette étape de l’appréciation du décalage est la plus délicate, puisqu’on ne sait presque jamais quel est le besoin profond exprimé par l’adolescent autiste. Un risque d’erreur, d’imprévu, reste fortement possible. Nous savons que pour les moindres apprentissages de la vie courante, tout réside dans l’art de la répétition stéréotypée. Devoir, par exemple, en arriver à apprendre à cet adolescent à se masturber représente un accroissement de la nuisance d’être tiers. De ce fait, il s’agira de transgresser beaucoup, souvent, et longtemps pour ne pas le laisser dans le désarroi et la panique de la non-compréhension de ce qui se passe en lui. Ou encore prendre en compte ce qui se passerait pour lui s’il était laissé dans l’état de tension insupportable et épuisant que peut être le non-aboutissement. (le Dr HELLEMANS préconise à ce sujet, contrat limité dans le temps à l’appui, d’enseigner la masturbation verbalement, concrètement sur un objet, voire par aide manuelle directe). […] Pour établir un parallèle avec les étapes de la formation des professionnels, de quelle manière, en présence de l’autisme, pouvons-nous parler de prise de conscience, de transformation du regard, de réduction du décalage, d’augmentation des habiletés et enfin de nouvelles prises de décision ? Sans doute ces phases ont-elles lieu dans l’intimité des âmes, et les instruments pour les mesurer font défaut » (cf. Catherine AGTHE DISERENS et Françoise VATRE, « Du corps au cœur » in « Les jeunes handicapés autistes - Vie affective et sexuelle », Editions L'Harmattan, p. 208 + 209 + 213, en 2005)